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Yann BOUTANT et Gaël ROSSET – KERQUEST – Deux visionnaires connectés.

Yann BOUTANT (Président) et Gaël ROSSET (CTO), tous deux ingénieurs de formation, se sont rencontrés en Savoie (France), quand ils partageaient une envie de changement de projet professionnel.[...]

Galina Dzhunova
7 juillet 2022

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Yann BOUTANT (Président) et Gaël ROSSET (CTO), tous deux ingénieurs de formation, se sont rencontrés en Savoie (France), quand ils partageaient une envie de changement de projet professionnel. Cette envie les a naturellement poussés à franchir le pas en 2014 et à créer la société KERQUEST.

Gaël a travaillé pendant de nombreuses années au Danemark et à l’international dans les télécommunications avant de revenir en France en 2009. Yann, quant à lui, a eu un parcours essentiellement dans l’industrie des procédés continus et a passé plus de 20 ans dans l’innovation, dans les domaines des matériaux, des capteurs et des systèmes industriels.

Rencontre avec deux visionnaires connectés.

Quel est le concept de base de KERQUEST ?

Le concept de base repose sur un pari : donner la parole aux objets, pour délivrer des messages. L’idée est de relier les objets, les personnes et les mémoires des systèmes, c’est-à-dire les objets et l’information sous toutes ses formes. Les objets pourraient ainsi devenir en quelque sorte des messagers délivrant un message personnel qui y serait attaché. Il y a toutes sortes d’objets potentiels : l’objet artisanal ou artistique, l’objet produit, l’objet «scène naturelle». Nous pouvons utiliser ces objets comme supports de messagerie à destination d’applications industrielles, logistiques, personnelles, ou encore émotionnelles. Ce concept breveté de messagerie globale, nécessite un algorithme central de reconnaissance d’objet (famille d’objet ou objet singulier). Mais reconnaître finement et de manière fiable ne suffit pas, il faut contextualiser et lui adjoindre de l’information pour susciter de l’émotion et/ou du sens.

Dans quel domaine votre entreprise est-elle active ? Quels sont les activités principales, les services et les produits qu’elle offre ?

KERQUEST a été créée pour travailler dans le domaine de la fonctionnalisation des matériaux au sens large, c’est-à-dire permettre aux objets qui nous entourent d’acquérir de nouvelles fonctions. Nous avons développé à partir de 2016 la plateforme technologique « Solid Media Messaging » qui permet d’explorer intuitivement, à travers un appareil mobile, n’importe quel objet, produit ou document.

La majorité des gens n’ont pas conscience que tous les objets autour de nous sont distincts et uniques par nature. Dès les années 50-60, la production en série a permis de produire plus et mieux des objets d’un même type, à tel point que nos sens ne nous permettent plus de les différencier immédiatement. Mais il existe une réalité physique sous-jacente qui n’appartient à personne, tout ce qui nous entoure est constitué d’éléments uniques et non duplicables. Notre technologie s’appuie sur cette réalité pour développer des services variés.

Aujourd’hui, nous pouvons classer nos activités selon trois volets :

  • la gestion de la traçabilité, c’est-à-dire, attacher à un objet ou produit toutes les informations des étapes de sa vie, de sa création jusqu’à sa mort, son recyclage ou sa destruction.
  • la gestion de la propriété qui est une information importante autour d’un objet, à qui il appartient, à qui il a appartenu, la gestion sûre d’un transfert de propriété. Nous pouvons aussi nous intéresser à la préservation de l’intégrité :  est-ce que cet objet est bien tel qu’il était quand il a été vendu ou acheté.
  • l’interactivité et l’expérience : Cela se réalise selon une application mobile pour rendre l’expérience simple et ludique, sans se rendre compte de l’ingénierie très complexe.

Nous travaillons à date quasi-exclusivement avec les produits de luxe, et pouvons fournir à nos clients un service complet allant d’un environnement cloud personnalisé à des applications mobiles spécifiques que ce soit au niveau de la fabrication, de la distribution, des boutiques ou du client final.

Comment s’est passé le démarrage de la société ?

À nos débuts, nous n’avions volontairement pas de feuille de route précise, seulement ce qui était inscrit dans nos statuts : la fonctionnalisation des matériaux. Nous nous sommes focalisés plutôt sur le fait de mettre en œuvre les compétences des fondateurs, qui avaient envie de tester des choses ensemble sans avoir de projet trop balisé. Nous étions plutôt en phase de « brainstorming ». Nous avons travaillé sur quelques projets avant d’arriver à celui-ci. Par exemple, nous avons créé un système breveté de moulage 3D de cellulose. C’était quelque chose d’assez nouveau à l’époque et nous nous apercevons que c’est un besoin qui est en train de se développer. Nous nous sommes lancés aussi dans la réalisation de scanners 3D à bas coût adaptés aux objets.

Nous avons mis deux ans environ avant de trouver notre chemin et de développer la plateforme « Solid Media Messaging ».

Notre force réside dans nos connaissances techniques, nous sommes avant tout une société d’ingénieurs, avec de l’expérience, donc on est capable de traiter beaucoup de problèmes liés à l’industrie, aux procédés et à l’innovation technologique.

Pourquoi avez-vous choisi Neuchâtel pour vous installer et vous développer ?

Notre maison mère est basée en Savoie et rapidement nous avons eu des clients suisses. La dynamique industrielle en Suisse voisine est bien supérieure à celle que l’on rencontre en France. Une part importante de notre chiffre d’affaires étant en Suisse, c’est donc tout naturellement que nous avons eu besoin d’y ouvrir notre succursale. Un ami nous a présenté M. Thierry BAGLAN du réseau GGBa et nous avons ainsi sélectionné trois potentiels cantons d’implantation: le canton de Vaud, de Genève et de Neuchâtel.

Le canton de Neuchâtel avait une position très intéressante pour notre activité, car c’est un canton industriel avec des compétences spécifiques dans l’horlogerie, la micromécanique et l’industrie pharmaceutique. De plus, nous souhaitions rester dans la partie francophone par commodité, le canton étant proche de la partie alémanique et à seulement deux heures de nos bases en Savoie.

La dynamique de l’équipe du Service de l’économie a fait que tout a été simple et guidé. Nous nous sommes sentis vraiment aidés et épaulés. Microcity a aussi joué un rôle décisif en nous fournissant des bureaux et en nous aidant à nous installer rapidement et démarrer sereinement.

Quels sont actuellement vos principaux clients, vos concurrents ? Les applications d’authentification, surtout pour les produits de luxe, sont à la mode et d’autres sociétés doivent travailler sur la même problématique.

Nous avons commencé notre interview par vous faire une démonstration de notre application mobile d’e- reconnaissance et d’authentification unitaire d’une pièce horlogère pour vous montrer que notre technologie est appliquée et fonctionnelle.

En ce qui concerne nos clients, ce sont essentiellement de marques de luxe. Nous pouvons citer HUBLOT SA qui a réalisé un communiqué de presse sur notre collaboration en novembre 2020. Elle utilise notre technologie dans le cadre de la Hublot e-warranty pour l’ensemble de son réseau de vente et aussi pour ses clients finaux(https://www.hublot.com/fr-fr/news/hublot-e-warranty).

Pour la première fois, durant l’édition 2022 du salon Watches&Wonders, ce même client a eu recours à notre technologie dans le cadre de sa  e-warranty Hublot e-warranty lors du lancement de l’acquisition d’un NFT (non-fungible token) sécurisé entre autres par la reconnaissance unitaire d’une pièce horlogère (https://www.hublot.com/fr-fr/news/hublot-launches-two-nfts-takashi-murakami ).

Le sujet d’authentification intéresse les gens depuis très longtemps et lorsque nous parlons de concurrence, il est important de préciser l’applicatif et le moyen technique. Ainsi nous avons une volonté farouche de ne jamais concurrencer nos clients, ce qui explique que nous ne soyons pas devenus des opérateurs de notre propre blockchain, par exemple. Nous sommes partenaires des marques et nous disparaissons volontiers au profit de celles-ci dans leur communication. Nous n’avons pas de volonté à date, d’être visibles du grand public sur ce sujet d’authentification ou de reconnaissance des produits de luxe. Selon que l’on parle de traçabilité, de gestion de la propriété ou d’autres domaines, les concurrents sont très distincts, de même que les solutions techniques proposées : cela peut être une gravure laser, un tag chimique, un simple code-barre, etc…

À notre connaissance, sur le secteur des produits de luxe, la maturité et l’adaptabilité de nos solutions technologiques et de nos services ont une bonne longueur d’avance sur toute concurrence.

Vous avez mentionné que vous travaillez sur des applications pour le grand public, pourriez-vous nous en dire plus ?

En marge de notre activité actuelle, nous avons envie d’utiliser nos capacités de messagerie pour justement l’offrir au grand public, qui pourra échanger des messages via tout support physique. Nous avons lancé des études avec un anthropologue il y a environ trois ans afin de comprendre les ressorts humains dans leur relation aux objets et d’essayer de les enrichir par la technologie. Prenons l’exemple d’un cadeau reçu à un moment donné ; en le voyant un an plus tard, il nous permet de nous souvenir de la personne qui nous l’avait offert, à quelle occasion, dans quelles conditions, etc… C’est notre mémoire biologique qui est à l’œuvre. Nous proposerons d’utiliser cet effet déclencheur naturel des objets avec tout type de message et d’information numérique.

Comment percevez-vous et vivez-vous l’innovation au sein de votre entreprise ?

Travailler sur des sujets innovants est fascinant autant qu’épuisant, car nous sommes en permanence en train de nous projeter dans le futur, dans l’incertain et nous confronter aux risques d’erreurs et à leurs conséquences. Mais nous nous apercevons aussi que plus nous nous investissons dans l’innovation, de manière répétée et prolongée, et mieux nous arrivons à gérer la partie l’incertitude et le risque. Notre motivation quotidienne est de voir nos clients s’approprier notre technologie et créer des cas d’usages, auxquels nous n’avons pas forcément pensé. C’est justement à ce moment-là, quand la technologie devient aussi transparente qu’utile pour notre client, que nous avons atteint notre objectif d’ingénieurs.

Comment imaginez-vous votre entreprise dans 5-10 ans ?

Se projeter en tant qu’entreprise technologique indépendante est difficile. La technologie développée a le potentiel pour devenir la référence dans le domaine de l’authentification augmentée, et nous travaillons en ce sens. À titre personnel, nous serons encore en train d’innover, de développer selon toute vraisemblance. Notre carburant est d’innover et d’essayer de développer cinq ans à l’avance des produits et des services qui seront un « must-have ». Nous développons davantage en mode « techno push » que « market pull ». Nous essayons en permanence de lire l’avenir d’abord d’un point de vue technologique et d’être capables d’évaluer si cette nouvelle approche technologique a quelque chose à apporter à de potentiels marchés.

À votre avis, sur quels aspects le canton pourrait-il encore travailler afin d’améliorer son attractivité pour les entreprises ?

Tout a été parfait pour nous, donc nous ne pouvons pas vous dire comment le canton de Neuchâtel pourrait s’améliorer. Nous sommes donc très reconnaissants envers le canton et la relation que nous avons pu avoir avec le service de l’économie a été vraiment très appréciée. Nous avons eu un accompagnement de qualité, qui se poursuit même après notre implantation.

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