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Rencontre avec Eric Grignon – Directeur général de Sky Suisse

Eric Grignon est le directeur général de Sky Suisse depuis 2017 et membre du conseil d’administration SKY Switzerland SA. Né en France, il est arrivé en Suisse en 1998 pour lancer[...]

Galina Dzhunova
26 août 2022

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Eric Grignon est le directeur général de Sky Suisse depuis 2017 et membre du conseil d’administration SKY Switzerland SA. Né en France, il est arrivé en Suisse en 1998 pour lancer l’opérateur mobile Diax. Après plusieurs années au poste de responsable de l’ingénierie chez Nokia puis Orange (aujourd’hui SALT), il est poussé par l’envie d’entreprendre et a rejoint DVDFLY en 2009 pour créer HollyStar, la plus grande plateforme OTT VOD indépendante de Suisse. Marié et père de deux enfants, Eric est passionné par la voile et la cuisine.

Rencontre avec un homme à la fibre entrepreneuriale qui sait naviguer avec les futures tendances média.

Qu’est-ce qui vous passionne dans le streaming ?

J’ai toujours travaillé dans la télécommunication et, pour la petite histoire, quand en avril 2007 je m’occupais d’Orange TV, j’étais un des premiers, voire peut-être le premier en Suisse à avoir acheté une Apple TV. À l’époque, l’Apple TV était un grand boîtier. Pour regarder un film, il fallait le télécharger. Quand je l’ai branché sur ma télé, j’ai été stupéfait. Je savais que c’était une technologie de rupture qui allait changer notre façon de regarder la TV.

Dans quels domaines le groupe Sky est-il actif ?

Le groupe Sky est une société anglaise, avec plus de 25’000 salariés en Angleterre. C’est l’équivalent de Canal Plus en France, mais avec des services en plus, comme par exemple l’internet haut débit, le mobile, la fibre optique, les assurances, etc. C’est une très grande société de média qui s’est développée en Europe et opère aujourd’hui dans 7 pays européens. Sa filiale suisse est basée à Neuchâtel, où Sky Suisse compte une cinquantaine de collaborateurs. Elle couvre la majorité du territoire en proposant du streaming (films, séries et sport).

Quels sont vos activités principales, services et produits?

En Suisse, Sky s’est développé sur trois axes :

  • Sky Sport, le premier produit phare. Nous proposons une panoplie de diffusions sportives : le football, le golf, le tennis, la formule 1, etc., avec des droits exclusifs pour certains championnats comme la Première Ligue anglaise ou la Bundesliga allemande, par exemple.
  • Sky Store permet la location ou l’achat de films et de séries. Les plateformes de streaming ont un peu délaissé les films ces derniers temps pour s’axer sur les séries. Mais pour nous, il n’y a pas de raison d’attendre deux ans avant de voir un film à la télé. Nous avons donc acheté les droits de quasiment tous les films après leur sortie au cinéma.
  • Sky Show est l’axe « séries et films » basé sur nos propres productions puisqu’Universal (Sky et NBC Universal appartiennent au groupe américain COMCAST) produit beaucoup de contenu. Nous avons aussi des partenariats clés avec HBO, Sony, StarzPlay et avec plusieurs producteurs indépendants. Sky a la distribution exclusive des séries HBO (Game of Thrones, Sex and the city, etc.) en allemand pour la Suisse.

Sky est par ailleurs le plus gros producteur de séries en Europe, 52 séries par an, équivalent à une par semaine. Il s’agit du plus gros budget européen en termes de production. Sky a produit par exemple Gomorrah, Riviera, Tchernobyl ou encore Babylon Berlin. Nous avons également produit une série 100% suisse : Tschugger. La première saison a fait un carton en Suisse alémanique et la saison 2 sortira en septembre 2022. C’est le plus gros taux d’audience pour une série suisse depuis des années.
Nous avons encore deux séries en attente, mais je ne peux pas vous donner leurs noms.

Pourquoi Sky Suisse s’est installée à Neuchâtel, alors que vous êtes très présent en Suisse alémanique ?

C’est une raison historique. En 2017, Sky a racheté la société HollyStar qui était déjà basée à Neuchâtel. HollyStar était une plateforme de vidéo à la demande pour toute la Suisse qui offrait des films et des séries. Et HollyStar était déjà la suite logique de DVD Fly, créée en 2003 à Neuchâtel, et qui permettait la location de DVD sur Internet et son envoi par la poste. À l’époque, pour regarder un film, il fallait le louer dans une boutique spécialisée et le rendre le lendemain. DVD Fly était une plateforme qui a révolutionné le marché de location par Internet. Avec le déclin des DVDs, nous avons lancé en 2009 HollyStar qui proposait de la location de films, mais cette fois-ci le visionnage était en streaming et accessible de suite sur Internet.

Quelle est votre vision de l’avenir des plateformes de streaming et quelles sont les nouvelles tendances?

Les gens regardent de moins en moins la télé et privilégient de plus en plus les différentes plateformes de streaming comme Netflix, Amazon, Sky, Disney Plus. Donc pour moi l’avenir c’est clairement le streaming.
Aujourd’hui, le problème est qu’il existe de nombreuses applications ou plateformes. C’est difficile de se retrouver avec autant de possibilités et parfois il faut jongler pour pouvoir regarder le contenu désiré et sans oublier qu’il y a un abonnement pour chacune des applications.
L’avenir, c’est d’essayer de combiner toutes ces offres sur une seule interface où l’on trouvera tout le contenu des plateformes et qui vous indiquera comment pouvoir regarder l’intégralité des saisons disponibles de votre série préférée. Le but principal est de trouver comment vous proposer le bon contenu au bon moment et sans vous faire perdre du temps pour le chercher. L’algorithme de cette interface pourrait aussi permettre de simplifier l’utilisation des plateformes de streaming. Par exemple, si vous ne regardez pas Netflix pendant 1 mois, vous serez désabonnés automatiquement. Vous n’aurez pas à penser à le faire, cela sera le rôle de votre « gestionnaire » de plateforme.
Ce qui est en train de se développer également, ce sont les offres « package » qui vont inclure plusieurs plateformes avec un seul prix, plus bas que si vous vous abonniez pour chaque plateforme individuellement.

Quel est le plus gros challenge auquel vous êtes confronté en ce moment ?

Notre plus gros challenge en ce moment, c’est la croissance. Parce que nous doublons quasiment le chiffre d’affaires tous les ans, donc il nous faut plus de personnes et donc de nouveaux bureaux. Nous sommes en train d’opérer une transition entre le mode de fonctionnement d’une start-up à celui d’une grande PME.

Quels sont les profils qui travaillent chez Sky?

Au niveau des profils, d’un côté nous avons les ingénieurs, le profil technique de la société, car nous faisons du streaming et les applications sont développées directement à Neuchâtel. Et de l’autre nous avons les personnes qui s’occupent et font la promotion du contenu comme la sélection des films et séries ou des compétitions sportives. Sans oublier notre service client.

Quel est votre endroit préféré à Neuchâtel ?

Mon endroit préféré à Neuchâtel, c’est Cortaillod et Les Bains des Dames, parce que j’aime tellement le lac. Ce sont deux endroits juste magiques.

À votre avis, qu’est-ce que le canton pourrait faire pour améliorer son attractivité ?

Il faudrait faire venir plus de sociétés du monde du tertiaire en général parce que l’endroit est juste incroyable avec ce lac, la montagne et sa position par rapport à Berne, à Genève ou à Zurich.
Pour le recrutement, nous avons la chance que la France et les villes comme Lausanne et Berne ne soient pas loin. Le côté positif est qu’une fois que les gens sont ici, ils restent plus longtemps. Nous avons des développeurs qui sont là depuis 10 ans. Les conditions-cadres sont donc vraiment importantes.
Pour développer encore plus son attractivité, il faut donc à mon avis plus d’emplois. L’installation de nouvelles personnes dynamiserait les centres-villes. Personnellement, je trouve que Neuchâtel a encore énormément de potentiel à développer à ce niveau.

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